faire son marché


Voulant faire connaître davantage mes
bougies africaines, l’idée m’est venue de faire des marchés.
Un marché de citadins avec une clientèle qui serait forcément plus sensible à l’esthétisme et aux valeurs de mes bougies équitables.

Sur Nantes, il existe un marché fameux, qui correspond tout à fait à ces critères, c’est le marché de Talensac. Je me suis donc renseignée auprès des administrations et des amis pour savoir comment faire. Les formalités sont très simples et finalement, n’importe qui ou presque peut prétendre à faire un marché. La seule difficulté réside plutôt dans l’emplacement à obtenir.

Comment avoir une place et être bien placée sur un marché ? Telle est la seule question importante.
Une amie faisant le même marché de Talensac, je me suis faite explicationner la chose :
Tu arrives à 7h00 du mat (aaaargh), tu tires au sort un numéro pour savoir si oui ou non tu auras une place et laquelle.
Ce que j’ai appris ensuite m’a littéralement scotchée.

Le grand chef dans l’histoire, c’est le placier.

Homme influentissime s’il en est puisque c’est lui qui tire les numéros au sort et c’est lui qui attribue les places, bref, le grand manitou.
Ce dieu vivant du marché, peu gracieux, malaimable d’après mon amie, a ses copains et son petit réseau fonctionne très très bien. Jugez en plutôt.

Les dix premiers numéros tirés au sort étant les plus recherchés (puisque logiquement ce sont les dix meilleures places), voici ce à quoi mon amie a assisté.
Installée près de la guérite du placier pour observer au mieux la scène, elle s’est tout simplement rendue compte que certains « potes » de celui-ci glissaient un billet de 20 dans la main histoire d’assurer leur place.
Le placier fait alors semblant de tirer un numéro, annonce un « 3″ ou un « 4″, écarte le vrai jeton ensuite, et permet contre argent corrupteur d’attribuer une excellente place. Pas mal non ?? Efficace surtout.

Et ce n’est pas fini….
Mon amie avait dimanche dernier, le numéro 17. La chance était de son côté.
Lorsque son tour est venu, le placier montre une bonne place mais un homme lance « numéro 18″, mon amie proteste: « numéro 17 !!! ».
Le placier donne la place au numéro 18, visiblement un autre de ses potes (c’est fou ce que cet homme a d’amis). Mon amie s’insurge : « hé, j’ai le 17, c’est mon tour ».
Il a fallu qu’elle donne sérieusement de la voix pour qu’enfin le placier oublie son copain et attribue la place qui lui était due à ma copine.

La corruption, je l’ai vue sous toutes ses formes, à tous les niveaux en Afrique. Je l’exècre, la hais, elle donne avantage au pouvoir de l’argent qu’à la valeur des gens. Elle offre marchés et commandes à celui qui corrompt plutôt qu’à celui qui le mérite. C’est le cancer de toute société, un frein au progrès social,

Je n’imaginais pas, pauvre naive que je suis, qu’en France aussi, on pouvait la trouver au quotidien, à la vue de tous. Parce que le pire, c’est que si mon amie a pu observer la scène ainsi, c’est bien qu’il ne s’en cachait même pas. Impunité due à une longue carrière ? au fait que personne n’osera broncher de peur de ne pouvoir faire Talensac à nouveau ? je ne le saurais sans doute jamais.

Une chose est sûre, si je dois faire ce fameux marché un jour, lui et moi aurons un très sérieux problème relationnel.

Dom

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14 réponses à “faire son marché”

  1. Gabbel

    J’avais déjà vu des reportages concenrant ces placiers …je vois que rien n’a changé …


  2. Mimie

    Je confirme les pratiques. j’ai une amie qui fait les marchés depuis fort longtemps, elle connaît donc toutes les combines et il y en a, il faut voir un marché comme celui de La Baule l’été, c’est le panier de crabes pour ne pas dire plus, il y a un tel business à faire… elle en a eu marre aussi un jour et a monté sa propre boutique ! C’est plus confortable au niveau des horaires, mais pour le moment c’est plus dur financièrement.


  3. lesyeux

    oui, hélas c’est ansi ds bcp d’endroits, marchés, et brocantes
    mais à vrai dire ce type de procédé est vérifié partout ailleurs où il y présences d’hommes…(et de femmes), faut être lucide….

    j’ai connu une grande enseigne de voyages qui s’est vue proposer par une très grande mairie de payer une enveloppe pour pouvoir vendre ses voyages au comité d’entreprise de la mairie…..
    le procédé maffieux soft est bel et bien ancré dans notre société !


  4. Julie Calmier

    Mais ce serait pas forcément plus mal que ce monsieur tombe plus souvent sur des gens comme toi ! ;)


  5. PAPY JOEL

    la corruption n a pas de frontieres.elle est devenue un véritable
    phénomène de societe qui prend de plus en plus de l ampleur.
    aussi, il ne faut pas hésiter à dénoncer et combatre ce fléau.
    tu peux raconter ton fait divers à la direction départementale de la concurrence ,de la consommation et de la répression des fraudes
    : dd44@dgccrf.finances et une copie au député maire de nantes
    le socialiste intègre J M AIRAULT


  6. Elise Mark-Walter

    Elles sont belles. Tu as des points de vente à Paris ? Je pense en particulier à un magasin de déco africaine dans le onzième que je verrais bien les distribuer. Son nom m’échappe d’autant qu’il est récent, rue Jean-Pierre Timbaud.


  7. isa

    Et oui, on pense tjrs que les bakchich c’est pour les pays « sous développés » ! Bah non, même dans notre beau pays des droits de l’homme (liberté, égalité fraternité… si t’as la monnaie mdr !!!), ça fonctionne trés trés bien, et pas que sur les marchés… nous quand on a acheté notre terrain avec une petite maison, comme elle est situé sur une zône « protégée » (agriculture et nature), et bien il y a une décision qui est prise avant la vente par un organisme particulier de l’administration, en deux mois à peu près, mais si on donne 60E, la décision est rendue plus vite ! J’ai hallucinée quand j’ai entendu ça (de la bouche du Notaire)… même l’administration travaille plus vite quand l’argent tombe alors, et en plus c’est une réalité « officiellement » inscrite dans les lois, dingue ?!!!


  8. Manou

    Ouh la… Quelle véhémence contre la corruption !!!
    Que l’on s’entende, je ne cautionne pas du tout.
    Cependant c’est malheureusement monnaie courante et ce, dans toutes activités.

    Je ne dis pas qu’il ne faut rien faire mais juste que c’est difficile à contrer et surtout je reste convaincue que la probité peut finir par payer. Dans mon métier (je vend de l’espace pub pour un magazine), je sais que l’un de mes concurrents paye des pots de vin aux annonceurs. En dépit de tout ils commencent à venir vers moi qui n’ai jamais bougé une oreille.
    Et qu’en est-il des cadeaux de fin d’année somptueux que beaucoup reçoivent de fournisseurs ? N’est-ce pas, aussi, une manière d’acheter les gens ? Bref les exemples sont légions et il faudrait alors révolutionner toutes les activités commerciales et/ou commerçantes du monde….
    Et, les yeux, il ne faut à mon avis pas faire l’amalgame entre corruption et mafia…


  9. Dom

    >> Tous
    Je ne connaissais pas ce monde là. Mais force est d’admettre que c’est pas joli joli…
    De là à porter plainte…………
    Vos commentaires me laissent toutefois penser qu’il n’y a pas que moi qui suis outrée, merci !!


  10. Dom

    >> Elise-Mark-Walter :
    Non, pour le moment, deux boutiques, une à nantes, l’autre à Bayonne.
    J’y travaille et cherche d’autres distributeurs.
    Si ta boutique est intéressée, donne leur l’url de mon site, qui sait ?


  11. marouschka

    C’est fou ces pratiques !!!

    Sinon une new idée (avec celle de faire pour toi le marché de Noël à Grenoble, oui je sais, tu ne peux pas, bouuuh, c’est bien dommage!) : as-tu pensé à commercialiser tes bougies par des grandes enseignes (les magasins de commerce équitable, les petits magasins africains, Nature&Déc (parce qu’ils vendent déjà des paréos africains qui financent je ne sais plus quoi, j’en ai d’ailleurs offert un très beau à une amie), ou en dernier recours Maison du Monde ou Casa) ? est-ce au moins possible ? il doit bien avoir des solutions pour les diffuser partout… :)


  12. Elise Mark-Walter

    Dom, je vais noter ton url et je leur suggèrerai :)
    La suggestion de Marouschka est bonne : si tu arrivais à décrocher Nature et Découvertes, tu intègrerais un réseau de distribution très intéressant !


  13. lesyeux

    @ manou
    je ne fais pas d’amalgame…je disais simplement que ce sont des procédés mafieux, rien ne sert de se voiler la face
    c’est ainsi que lamafia procède en corse ou en italie, en sicile ou ailleurs
    ça commence comme ça : on doit payer pour pouvoir commercer
    ce qui se passe dans des mairies par ex, que j’ai évoqué ds mon com, pour emporter un marché est un procédé mafieux, je persiste…..ou d’inspiration mafieuse si cela t’es plus doux à lire ; )

    (vs pouvez me rétorquer d’ailleurs que cela se passe ds les gdes surfaces pour pouvoir référencer un produit……)


  14. Dom des ménagÚres

    >> Maroushka et Elise :
    En fait, j’y travaille déjà avec certains des noms que vous avez cités et d’autres encore.
    le problème c’est que si tout le monde trouve que le commerce équitable est une bonne chose, peu de distributeurs acceptent de diminuer pour autant leurs marges..
    Un exemple; le dernier en date m’a demandé de lui vendre… à perte.
    Et là, ce n’est pas carrément pas possible.
    Je n’ai pas d’agent, ai mis des marges minima pour couvrir mes frais et me payer un petit salaire (que je ne perçois évidemment pas), mais je ne peux pas vendre au prix où j’achète !!
    Du coup, les petites boutiques me semblent une meilleure solution, plus accessibles et surtout plus sensibles aux valeurs que véhicule le commerce équitable.

    >> Les yeux,
    oui, moi aussi je trouve que ce sont des procédés de type mafieux, et ce n’est pas parce que c’est « banal » ou « usuel » que c’est normal pour autant.