Il y a des jours…
…mieux vaut être drogué, alcoolo, tabac-addict que malade ou désireux d’être en bonne santé.
Prenez une ville comme Nantes, ce n’est pas le trou du cul du monde. Une grande ville proprette, bien équipée (on y voit le tram, c’est peu dire, même les parisiens s’embouchonnent à l’attendre), moderne et tout et tout.
Oué, ça, c’est sur le papier. Parce que par certains côtés, on a fait un grand pas en arrière.
Tiens, l’autre jour, j’ai eu l’outrecuidance d’émettre le souhait de rencontrer une gynécologue. Rien d’excentrique ni d’exceptionnel, un bête rendez-vous avec un médecin spécialisé pour une révision des 10 000. Le truc bête et con.
Je pensais naïvement qu’il me suffisait de téléphoner au numéro donné par mon généraliste, oui, ben en rêve !!
La réalité ce sont 15 coups de fils que j’ai du passer avant d’obtenir satisfaction, 15 !!!
J’en suis tombée de ma chaise.
Le premier m’a donné rendez-vous mi-mars (j’ai le temps de mourir dix fois, et puis de toutes façons, moi un rendez-vous à la saint glinglin, direct je suis sûre de l’oublier ou pas de bol ! d’avoir autre chose qui me tombe dessus le jour-dit).
Le second, et pas mal des suivants : Plus de nouveaux patients, terminé, finito, complet.
Soit on me demandait si j’étais enceinte (c’est ballot, mais non, pas dans mes projets immédiats), si c’était urgent (non plus, merde j’aurais du raconter des conneries), ou si je pouvais attendre 2008…
Bon, j’ai finalement déniché un médecin débutant compatissant qui a accepté de me voir avant mes 60 ans. Ouf !!
Vous pourrez rétorquer que la limitation des gynécologues y est pour beaucoup, certes !
Sauf que, Manou, pendant ce temps là, appelait pour un rendez-vous chez un ophtalmo (le sien donc, et dont elle est déjà patiente), rendez-vous obtenu pour ….
Janvier 2007, bonne année Manou !
Si il n’y avait que cela, après tout devoir attendre pour voir un toubib, ce n’est pas la fin du monde. L’apothéose, c’était la nuit dernière.
Vous vous êtes sans doute déjà trouvé avec une rage de dent mémorable ? Ou bien une migraine à se taper la tête contre les murs ? Un truc banal, mais super douloureux et que vous pouvez diagnostiquer sans avoir prêté le serment d’hippocrate ?
D’ordinaire, que fait-on vers 23 heures 30 quand ce genre de mésaventure arrive ?
On cherche la pharmacie de garde, on pleure un peu pour amadouer l’apothicaire, histoire d’avoir un remède plus puissant que du bête Paracetamol. On rentre à la maison, avale la gélule et attend le lendemain pour aller voir son médecin habituel.
Ca, c’était avant, du moins ici.
La nuit dernière, ayant eu un problème similaire et n’étant ni agonisante ni victime d’une attaque foudroyante nécessitant les urgences ou SOS médecins (Je trouve gonflé de faire venir un médecin à pas d’heure juste pour une ordonnance), l’homme décide donc de suivre le mode d’emploi habituel de « aïe aïe aïe, super bobo, trouve vite un pharmacien efficace et compatissant, pleaaaaaaaaaase ».
Ah ça il l’a cherché le pharmacien, avec torche même !! (trop gentil l’homme, parfait je vous ai dit ! suivez, suivez !)
Il ne l’a jamais trouvé, les pharmacies de garde à Nantes, cela n’existe plus. Du passé.
Aujourd’hui, la procédure est la suivante :
Vous avez super mal, mais cela ne justifie pas de mettre la pagaille aux urgences, vous devez :
Appeler SOS médecins. (pardon au pôv docteur sur qui ça va tomber …)
Vous rendre à l’Hôtel de police où on va vous indiquer la pharmacie de garde qui ne vous ouvrira ses portes que muni d’une ordonnance en bonne et due forme.
Réveiller le pharmacien.
Rentrer à la maison, prendre le médoc, et vu que vous aurez bien paumé 5 ou 6 heures dans l’histoire en plus d’avoir fait perdre du temps aux autres, vous pouvez tout aussi bien vous planter devant le cabinet de votre toubib habituel, il ne va plus tarder, là.
Par contre, si vous avez décidé de faire taire votre douleur en fumant clope sur clope, en négociant quelques splifs pour oublier ou en vous torchant la gueule au rouge qui tâche, là, aucun problème, entre distributeurs, quartiers réputés, gare et bistrots, vous avez largement de quoi vous mettre die jusqu’au petit matin.
Y a pas comme un hic, là ?
Dom
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tu m’inquiètes franchement, là… mercutio, un nantais franchement inquiet
>> Mercutio : On fait le pari ? essaye de trouver de l’efferalgan à 2h00 du matin. Tu verras.
pour les spécialistes, encore heureux que tu sois pas heureuse bénéficiaire de la CMU, pasqu’il te restait qu’a aller te faire soigner par MSF à Gaza ….
Le probléme de la médecine illustre assez bien les errements du »marché » … Des fois, je me dis qu’il vaut mieux être un cabot, dans nos cambrousses, les vetos font encore les gardes …
Et si on créait un corps de toubibs d’état, avec prise en charge des frais universitaires, et obligation de service pendant 15 ans … mais de vrai service public de santé, là ou y en a besoin …
Alors là c’est pas drôle du tout du tout…mais c’est super bien raconté comme d’habitude.
Le mieux finalement est de prendre rdv systèmatiquement chez les spécialistes courants…pour une révision…même et surtout si tu es en bonne santé.
PL veut être chirurgien…mais vu la longueur des études, je serai morte avant. Pas la peine de compter sur elle…et puis elle a le temps de changer encore d’avis.
pas grand chose à dire sur le sujet puisque, nous, à Paris, avons finalement plus de chance que toi !!
Manou tu veux pas le tel de mon ophtalmo ??? il prend dans les 15 jours maximum !! lol
Plein de bisous à toutes les 2
PS : Dom, prends soin de la belle !!
quand je suis arrivée en Italie, il y a 7 ans, et que j’ai découvert le système de santé, j’ai été découragée, compliqué, des semaines d’attente…et j’ai dit à mes amis italiens » c’est nuuuuul, chez nous (avec une pointe de patriotisme dont je ne m’imaginais pas capable auparavant), c’est beaucoup mieux! »
en te lisant, il me vient un horrible doute…les choses auraient-elles changé?
au fond, pas étonnant, le nivellement européen par le bas, fonctionne très bien.
quel dommage que nos dirigeants n’aient pas opté pour un nivellement vers le haut
L’autre version côté de mon ancienne zone rurale :
Enceinte de 9 mois tout début j’appelle parce que j’ai du mal à respirer, il est 22h00. Le médecin rigole bassement (encore une femme enceinte stressée), me propose du paracétamol et d’aller voir le médecin demain.
Il est minuit, je n’arrive vraiment plus à respirer correctement, mais il faut que je respire fort au téléphone pour qu’enfin on m’envoie quelqu’un.
Arrivée aux urgences de la un peu plus grande ville locale : mais on en veut pas elle est enceinte ! Côté gynéco.
Côté gynéco donc (les ambulanciers commencent à être un peu agacés, surtout que je ne suis pas au meilleur de ma forme) : une sage femme paniquée appelle les urgences en dessous : hors de question de la garder, je sais faire accoucher pas soigner les problèmes de poumons.
Pleins de bonne volonté les ambulanciers me ramènent en bas. Enfin prise en charge et heureusement, une demi-heure plus tard je suis sous antibio pour m’aider à combattre une pleurésie et ma tension baisse dangereusement. Les infirmières inquiètes défilent.
Mais ce n’est pas fini, non, non. On ne peut pas me garder là (s’il faut faire une césarienne ils n’ont pas ce qu’il faut…)
Alors coups de fils incessants pour trouver un hopital qui m’accepterait. Victoire, il y en a un à 45mn de route d’ici (beark !). Le médecin ambulancier qui arrive plus tard me met sous morphine tellement je ne peux respirer.
Direction les urgences du plus grand hopital. Mais ce n’est pas fini !!!! Aucun service ne me veut : la gynéco a peur de ma pneumopathie, la pneumo est complète (elle ne veut pas s’encombrer d’un gros ventre). Je risque même de repartir. Je finis par me retrouver au service gynéco grâce à l’entêtement du médecin des urgences qui a râlé comme un pou.
Seul points positifs : je me trouve dans une chambre seule, tranquille (on a peur que je transmette la bestiole !) et crevette n’a pas choisi ce jour là pour venir, il a attendu que j’aille mieux (n’est-il pas un amour ?).
Moyens financiers du service public quand tu nous tient : (
En tous cas je remercie les équipes sur place, une fois admise quelque part ils m’ont sauvé la vie. Merci.
Depuis on est parti en ville.
Comme dirait Kamini :
Dans les p’tits patelins
Faut pas être cardiaque
Ah ouais, sinon t’es mal
Faut traverser un petit village
Faut tous être en bande pour trouver un hôpital
Que dalle
Là-bas y a rien
C’est des pâtures
http://www.kamini.fr/ (à écouter d’urgence)
Du côté de L’Aigle (Basse Normandie), pour voir un ophtalmo, nous avons deux choix.
Le premier, les rendez-vous se prennent sans aucun problème pour les jours suivant. Mais le hic, l’incapacité chronique du dit ophtalmo. En gros, allez le voir juste pour changer de montures, mais surtout pas pour changer vos verres…
Le deuxième, c’est tout le contraire. Il est très compétent. En octobre 2006, j’ai voulu prendre un rendez-vous pour 2007. Quelle erreur grossière, l’année 2007 est déjà complète !
Y aurait-il comme un défaut ? :o))
>> Les marques :
Les disparités dans les installations des médecins s’accentuent de plus en plus et la désertification des campagnes s’aggrave d’année en année. Oui, la prise en charge des études en contrepartie de quelques années en pleine cambrousse pourrait être une bonne solution. Pourquoi y a t’il tant de médecins à nice, et si peu à Marly Gomont ?
>> Damouredo : Je suis la reine des chieuses mais non, je refuse de voir mon généraliste quand je peux voir un spécialiste. la limitation des gynécologues nous est extrêmement préjudiciable et j’ai du mal à croire qu’un médecin généraliste soit aussi compétent dans ce domaine.
>> Séverine : Bisou bibi fricotin !!!!
Pi arrête de la ramener avec Paris, j’ai déjà assez de mal à convaincre la Manou qu’elle serait acht’ment mieux à Nantes…
>> Céleste : Comme pour tout le reste, il y a deux médecines.
Celle de paris, celle de la province, celle des riches et celle des pauvres. Oui, je sais, ça fait cliché. Mais au quotidien, on le constate sans cesse.
Cela dit, nous avons sans doute le système de santé le plus performant au monde. Après la Côte d’Ivoire où tu meurs pour n’avoir pas un euro en poche, où tu payes avant d’entrer à l’hôpital sinon, tu peux crever dehors, même d’un mal de ventre, je suis bien consciente que pouvoir être soigné, gratuitement, partout en France est un vrai privilège.
>> Dom : Ton histoire est sympômatique de cette désertification des zones plus rurales. Phénomène qu’on observe aussi pour les écoles. On ferme des unités de soins, des maternités, des maternelles, faut être motivé pour vivre à la campagne !!!
>> Claire Ogie : Oui, un gros défaut. Comme le précise les Marques (cf ci-dessus) devrait on obliger les jeunes médecins à s’installer dans les campagnes en contrepartie du financement de leurs longues études de médecine ?
quelle idée d habiter NANTES et non PARIS ;car à NANTES
l important n est pas de guerir mais de vivre avec ses maux !
Je savais par la presse qu’il y avait un réel problème concernant certaines spécialités médicales….
Par contre, j’ignorais tout du nouveau fonctionnement des pharmacies de garde !!!
En cas de douleur t’as donc plus vite fait de trouver un troquet et un dealer qui t’aideront à attendre le matin !!!
Vive la France !
Salut,
Je découvre ton blog aujourd’hui, et frnachement, tu m’as beaucoup fait rire… Surtout en tant qu’ancienne nantaise!! Je vais envoyé ton post à mes copines de là-bas qui jurent leurs grands dieux que nantes, c’est beaucoup mieux que rennes!!
Merci!!!
>> Papy Joel :
Le mieux ne serait il pas de vivre mieux, partout ?
>> liath : Oui, moi aussi j’ai été sciée.
On marche un peu sur la tête là….
>> Fab : Bienvenue !
Mais je serais toi, je ne la ramènerais pas trop avec Rennes, vu que le système des pharmacies de garde serait le même partout en France, sauf à Paris (il parait qu’à Paris on peut encore trouver du Doliprane la nuit, les provinciaux peuvent …) )
A Bordeaux pour un RV chez le gyneco, il faut au moins compter 3 mois d’attente. Cela ne s’arrange pas. Je dirais même que ça se dégrade à une vitesse supersonique. Il y a 6/7 ans, il n’y avait qu’un mois. D’après ce que j’ai compris cela ne risque pas de s’arranger dans la mesure où il n y a plus d’option gyneco medicale en médecine, juste gyneco obstétrique. Il y a même une pétition à ce sujet => http://www.cdgm.org/ .
Et encore 3 mois je ne me plains pas. Une de mes amies habitent dans le département du Nord et chez son gyneco il y avait 1 ans d’attente !!!
Je pense qu’il y a de sacrées différences entre le nord et le sud.
Sinon ici on a du bol avec les ophtalmos. On arrive à avoir un RV très rapidement.
C’est aussi problèmatique ici d’avoir un RV avec les orthodontistes (j’ai des enfants en plein dedans).
Il y a surtout de grandes différences entre villes et campagne, entre Paris et province.
1 an d’attente…. on devrait presque rire.
Pareil chez moi: 3 mois pour voir le gynéco. 6 mois d’attente pour voir un phlébologue (en chialant un peu je n’ai attendu que quinze jours). Pour un médecin de garde j’appele toujours le 15 pour savor qui s’y colle et c’est vrai que la première fois ça m’a fait bizarre de passer par chez les flics, surtout quand tu attends à côté d’un mec bien chelou pendant que le gamin est toujours malde dans la bagnole.
Mais on a encore des urgences dans la petite ville à côté de mon bled. Avec mes casse-cous on y a été souvent; des urgences décriées par certains, mais quand ils te sauvent la vie parce qu’ils ont compris que tu te préparais une hémorragie interne tu les trouves trop bien !
Passer par les flics pour avoir un médicament, c’est bizarre non ? surtout quand tu sais à quel point ça doit les gonfler cette surcharge de travail.
Ca ne s’arrange pas car nous singeons le système anglo-saxon!
Ils sont en bonne santé les british ?
Nous, on a fait l’expérience :
-Même en cas « d’urgence » dentaire (douleurs +++ pas pouvoir manger, etc…), quand on est nouveau dans une commune, pour trouver un dentiste c’est l’horreur, la secrétaire fait passer l’interrogatoire à chaque fois, pour finalement dire « on prend pas de nouveau patient, aller chez votre ancien dentiste » (ouais à 100bornes !!!)
-les occulistes, c’est denrée tréééééééés rare : faut prévoir de pas avoir de brindille dans l’oeil, à part si t’as des urgences ophtalmo près de chez toi !
-même pour une urgence quand on appelle SOS Médecin, pour un enfant, il vous dit d’aller aux Urgences (je croyais que c’était justement pas la peine d’laler aux urgences pour tout et n’importe koi ?!), et il vous annonce que « non y’a pas de médecin de garde qui gère votre commune ! »
-auxdites Urgences, la gamine doit juste cummuler deux anti-fièvres différents, mais il faut aller acheter ça en pharmacie (y’a pas de pahrmacie dans les hôpitaux pour le soir au moins ?!), dehors pas de chance, c’est la fête annuelle du tissu (grande production de la ville), ben va trouver les pharmacies avec tout le centre barré, interdit de stationner, etc… et quand tu trouves, tu lis sur la porte fermées qu’il faut maintenant trouver la gendarmerie, à la gendarmerie on lit d’un oeil suspiccieux l’ordonnance (vive le secrêt médical… et pis c’est bon ma gosse est pas une junkie… pas encore !), on observe ma carte d’identité pareillement (chuis pas une junkie non plus merde !), après on teléphone au pharmacie de garde, rebelote je cherche dans la ville en fête, je trouve et poirotte 30-45min, et ben personne n’est jamais venu !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! On a trouvé ce qu’il nous fallait le lendemain, à une autre pharmacie de garde (le dimanche) !
Bah moi je dis : pour tous les cas « pas sociaux » ça a l’r bien, le système médical en France, hein… après on nous dit de pas surcharger les Urgences des Hôpitaux, ben ils mériteraient qu’on y aille dés le fameux pet de travers, au moins on saurait pourkoi on perd son temps !!!!!!!!!!!!!
>> Isa :
Comme tu dis Isa, ce qui est marrant c’est qu’on a droit régulièrement à des consignes Ne pas obstruer les urgences avec des cas qui n’en relèvent pas, etc..
et pourtant, surtout que les témoignages vont dans ce sens, la nuit, impossible de se faire soigner autrement dans certaines villes qu’aux urgences !!
On infantilise les gens, et pendant ce temps là notre système de soins se désagrège.
D’accord avec ton coup de gueule !!! Pour un RDV chez l’ophtalmo, compter six mois ! Et à mon dernier RDV, il me dit qu’il déménage à l’autre bout de la terre (ok, j’exagère, juste 50 min de chez moi) et il me dit « où vous me suivez, où vous trouvez un autre practicien, mais connaissant la situation actuelle, vous allez galérer ! « …