Si j’étais…
La déchéance aurait commencé par la perte de mon emploi.
J’aurais certes touché le chômage mais…
Mes moyens financiers se seraient largement amoindris.
Au-delà des économies substantielles que j’aurais essayé de faire au quotidien sur la bouffe et les achats plaisirs (qui se seraient réduits à néant), les difficultés auraient été de plus en plus en plus grandes.
D’autant plus que le chômage longue durée m’aurait touché.
La situation serait alors devenue intenable.
J’aurais bien sur envisagé de changer d’appartement pour un studio mais… par manque de garanties et de cautions ça aurait été impossible.
J’aurais alors vendu la plupart de mes affaires devenues inutiles voir futiles pour finir le mois, ou plus simplement pour manger sur mon réchaud à gaz.
Des vêtements, des chaussures, des bouquins, des dvds, du linge de maison, mon ordinateur, ma chaîne hi-fi, des meubles aussi !
A un moment je me serais retrouvé avec le strict minimum : un matelas, la télé qui est le nouvel opium du peuple et m’évite l’isolement total.
Je me serais alors renfermée sur moi-même.
J’aurais même pensé un moment à me séparer de mon chat mais il est le seul lien affectif qui me reste, mon compagnon de galère.
Et puis un jour, inéluctable, je n’aurais plus pu faire face aux charges du quotidien, j’aurais perdu pied avec la réalité.
J’aurais alors lâché prise pour atterrir dans la rue !
Mes journées seraient alors devenues monotones entre la manche dans le métro, la fouille des poubelles, la douche populaire les jours de fortunes, la faim au ventre, la honte au cœur !
Clocharde, c’est mon nouveau statut !
Dire que pendant des années je les ai “snobé”, à peine regardé.
J’avais ce sentiment confortable qu’ils étaient partie intrinsèque de mon quotidien sans même imaginer la déchéance qui est la leur.
La bouteille aurait été ma nouvelle meilleure amie.
Dire qu’avant j’avais l’alcoolisme mondain… Aujourd’hui je bois pour oublier et me tenir chaud aussi.
Si j’étais… SDF, ça aurait pu se passer comme ça !
Manou
(j’peux donner dans l’humour quand même?)
et tu serais aller faire les poubelles du Crillon, ou pas?
La vérité, c’est que moi, face a un SDF, je sais jamais quoi dire, et quoi faire.
C’est vrai qu’on a toujours tendance à se réfugier derrière l’excuse “oui mais c’est pas parce que je vais lui filer 5 euros que ça changera grand chose en soi; il mangera peut-être aujourd’hui, mais demain?”…
Et en un sens c’est vrai, c’est pas filer 5 euros aux SDF de temps en temps qui changera grand chose à leur quotidien;mais que faire au niveau individuel à part baisser les yeux lorsqu’on en croise un et avoir honte d’être ce qu’on est?
Ca fait vraiment mal au coeur, comme sujet…c’est un “beau” billet.
Non, ça ne t’arrivera pas…sauf si tu baisses les bras…ce qui même sans trop te connaître…apparaît difficile à concevoir…
Je ne crois pas trop à l’inéluctable…
Une possibilité pour ne plus les snober consiste à dégager une place et un couvert chez soi, mais qui est vraiment prêt à cela ?
Bye
Je m’étais déjà fait précisemment la meme réfléxion
Il faut dire qu’il y en a plein en bas de chez moi (le coté “je vie à 200m d’une association”). Et pour la plupart, ils ne sont pas différents que ca de moi. Il y a un moment ou ils se sont laissés submergés. Comme moi si souvent. Sauf que moi j’ai eus plus de gens aimant autours de moi peut etre
Bisousss
La descente aux enfers se fait malheureusement tellement vite et de façon tellement inattendue souvent qu’elle peut effectivement toucher n’importe qui à tout moment sans distinction d’âge, de sexe ou de couleur.
C’est vrai qu’au fond, ca peut arriver à tout le monde et tu fais bien de nous rappeler de la chance que nous avons
Je rejoins assez le commentaire de Béatrice… La descente peut se produire à une vitesse vertigineuse et si j’ai eu la chance de pouvoir me maintenir juste au dessus du niveau de l’eau pendant 18 mois, je sais que tout le monde ne l’a pas eue. J’ai certes vécu avec la peur quotidienne qu’une grosse tuile me cloue au fond mais ça n’est, merci la vie, pas arrivé. Pourtant cette expérience (du chômage, puis du RMI) a définitivement changé mon regard sur les autres, sur les SDF mais aussi/surtout sur ceux qui se croient à l’abri de tout ça et qui en réalité ne le sont pas !
C’est vrai que quand tu n’as pas de famille proche pour te soutenir financierement dans des moments difficiles ça peut finir mal assez vite et c’est vrai que confrontés à des SDF de plus en plus jeunes on ne sait pas trop comment se comporter je crois que c’est parce que ça nous fait un peu comme un miroir ou on a peur de se voir un jour.
C’est vrai que ça peut arriver à tout le monde!
t’as décidé de nous tuer le moral dès le lundi
je crois qu’ils nous font peur parce qu’ils nous montre notre possible déchéance.
Hum, ouais, la descente peut être rapide, tout comme la dépression, que l’on croit - à tort - que cela n’arrive “qu’aux autres”… Pour avoir été bénévole un temps au secours catholique (j’étais au chômage), mon regard sur les SDF a changé, mais des solutions, bah j’en ai pas. Pfiou, je suis d’un positif ce lundi matin, ça fait peur !!!
Bisous les filles !
j’ai connu un patient : ingénieur en je sais plus quoi….très bonne situation, bien marié et tout et tout et ben c’est comme tu décris….
il a divorcé, n’a pas supporté : c’est mis à boire…suite à cela a perdu son boulot et l’engrenage a fait qu’il sait retrouvé à la rue ou il a fait un problème de santé….
hospitalisé, il était très désagréable dans un premier temps : insultant, agressif…
et puis la confiance s’est installé entre lui et l’équipe, et là nous avons appris qu’il parlait 4 langues, qu’il avait une culture hallucinante….et qu’il avait beaucoup d’humour…aussi…
comme quoi, il ne faut pas se fier aux apparences…
Une fois, conduite au travail par un collégue, ce dernier gueule par la fenêtre ouverte à une nana qui faisait la manche au feu rouge : “t’as qu’à trouver un boulot!!!!” … je l’ai regardé , interloquée, choquée, je lui ai fait la remarque que c’était la reflexion la plus cone que j’avais entendu depuis longtemps il s’en est tiré par une pirouette… nos relations n’ont plus jamais été les mêmes…
Camille : Bien sur que tu peux faire de l’humour ! IL parait qu’on peut rire de tout et surtout c’est pas parce que, pour une fois, j’aborde un sujet sérieux que c’est déprimeland
Sinon avant les poubelles du Crillon, j’aurais p’tet fait celles des supermarkets ?
Elsa : J’avoue que j’hésite parfois à filer de l’argent à certains pour qu’ils aillent se payer un litron !
De même je donne plus facilement à ceux qui jouent de la musique ou ceux qui vendent les journaux des sdf…
L’âme Homme : Je pense également que force et volonté empêchent beaucoup de choses.
Cependant, quand tu vois des reportages sur le sujet, tu t’aperçois que ça peut aller très très vite !
Sab : J’ai aussi une famille et des amis auprès de moi mais… Et eux ??
Je ne suis pas sure qu’ils soient tous “seuls au monde” ?
Béatrice : Oui je pense aussi que ça va très vite ! trop vite…
Anne : C’est surtout que c’est horrible cette façon que nous avons de plus les voir parfois (et je me mets dans le lot !)
Plastie&cie : Ah oui j’ai oublié d’évoquer a phase RMI !!
Quant à toi, haut les coeurs, une nouvelle vie arrive
Vannina : Même en ayant une famille proche, celle ci peut-elle toujours t’aider à ne pas sombrer (financièrement s’entend) ?? Pas sur !
Mam’zelle Yoko : malheureusement oui !
Cécile : Que j’en “parle” un lundi ou un jeudi n’aurait pas changé grand chose je le crains
Shalima : Pas plus ni moins positive que moi qui ai lancé le sujet j’avoue !
Oka : C’est un peu la multitude “d’anecdotes” vues ou entendues de cet acabit qui m’ont inspiré ce billet.
Certes le sujet n’est pas gai mais je ne l’ai as écris pour être triste non plus !
Mona : Waow !! Je comprends que ton regard sur ce collègue ait changé
Un jour j’écrirais sur les brèves de vie !! Au moins aussi connes que les brèves de comptoir, l’alcool en moins !! De la connerie à l’état pur
rraah moi moi moi j’en ai plein !!! ( rapport que j’ai une encyclopédie vivante de brèves de comptoir en qualité de …mon boss…:p:p)
L’autre jour, ce que j’ai vu et entendu à la TV m’a atterrée : les magasins mettent du détergent ou autres produits toxiques dans leurs poubelles afin que personne ne puisse récupérer la nourriture jetée !!! Ma fille de 7 ans m’a demandé pourquoi ils faisaient ça….. que c’était pas gentil…..
Je ne pige pas trop cette façon de faire… Egoïsme ? Méchanceté ? Envie de nuire encore plus à ceux qui n’ont rien ?… No comprendo !
Moi tous les matins je passe devant une dame qui a toute sa vie dans un caddie plein de sacs.
D’habitude je réponds à son bonjour sans vraiment faire attention (j’ai honte) et ce matin elle s’épilait les sourcils, et faisait des mots croisés.
Je me suis sentie “con” ! Oui elle est comme moi, je suis comme elle, et je me sens impuissante face à sa détresse…
C’est vrai qu’on a pas à juger ces personnes que l’on croise en fait assez souvent… Ca peut arriver à n’importe qui ! Mais ça n’empêche que je sais pas comment réagir face à eux ? Sourire ? Mais ça risque d’être vu comme étant de la pitié au lieu d’un encouragement ? Donner de l’argent ? Je sais pas ce qu’ils vont en faire… Et finalement, je fais rien !
On a toujours tendance à se dire “Mais comment en sont-ils arrivés là?” “Personne ne leur famille ne les a aider?” “Pourquoi se réfugier dans l’alcool?”
Mais personne n’est à l’abri.
On ne peut pas savoir à l’avance comment nous réagirons aux événements
Effectivement on a tendance à oublier que tout peut aller très vite… Un découvert à la banque, et le banquier en profite pour t’enfoncer davantage : agios, 50 € de frais par chèque impayé, suppression du découvert… 1 loyer de retard (en général signal d’alarme car impossible à rattraper sauf si tu as quelqu’un pour t’aider) puis deux, puis 3.
J’ai même eu un collègue qui a dormi 3 mois dans sa voiture, suite à un divorce (enfin avant le divorce mis à la porte) alors qu’il avait de la famille en Bretagne, mais par fierté (et aussi pour rester près de son travail) n’en a jamais parlé…
POurquoi faire les poubelles du supermarché, quand tu as le Crillon, enfin?!
(Perso, je préfère donner des tickets resto, quand j’en ai, voire aller acheter un sandwich, si vraiment je veux donner, plutot que de l’argent…..)
Je pense que la chute peut arriver rapidement……à cause de ce que l’on appelle “pudiquement” les “accidents de la vie”…….Il suffit de constater les conséquences des divorces, la situation des familles monoparentales se dégradent de plus en plus, le chômage, la précarité des emplois (combien de jeunes en situation difficile….). Il faut avoir la chance d’avoir une famille aimante, des amis solidaires…..et dans la vie, y en a qui n’ont jamais de chance…..
Je donne quelquefois des sous, quelquefois un sandwich……de la nourriture pour le chien…..un sourire, un petit mot…..
Je crois que l’on ne peut jamais être à l’aise devant les SDF…….Ils amènent à trop de questions, ravivent des peurs……
Tu peux tjrs te trouver un mec friqué, tu devrais pas avoir de mal… ;-P
Mona : Ah ah t’as vu comme c’est une idée quelle est bonne
Nath de Vannes : On a du voir le même reportage ouais !
Je crois que c’est surtout une question de responsabilité face aux produits périmés… Sauf que, comme dans un célèbre sketch de Roland Magdane, qu’est ce qui se passe dans la boite de petits pois dans la nuit du 14 au 15 entre 00h00 et 00h01 ??
Mademoiselle : Clair qu’on se sent surtout impuissant devant leur nombre de plus en plus… “nombreux” justement !
JS : Je ne pense pas les juger particulièrement, juste être somme toute trop indifférente ! Ce qui est surement pire d’ailleurs.
MisBrownie : Oui moi aussi j’avoue m’être souvent posé la question de leur famille ou leur entourage… Mais au final chaque histoire est différente et je pense que la honte en “oblige” beaucoup taire leur désarroi et leur chute en enfer !
Louisianne : “Marrant” mais cette histoire de voiture suite à un divorce est assez redondante !!
Camille : C’est vrai ça, je suis con
Sus au Crillon !!!
Martine : Ouais c’est con, moi aussi je donne souvent à ceux qui ont un chien !! Allant même acheter des boites de croquettes !
Tiens en me lisant ça fait peur… Serais je plus sensible à la détresse animale ??
Yannick : ??? C’est quoi le rapport avec le billet du jour ??
Il s’agit d’une transposition et pas d’un état proche de la réalité !
Je dis ça, je dis rien, mais je viens juste de remarquer que les smileys sotn déments ici.
(lusa les girls)
Tous les jours pas loin d’chez moi, ils sont 5 ou 6 à attendre les poubelles du Franprix!! Ils ne sont pas encore SDF mais pas loin…Quelle misère!!Autrefois…suite à un licenciement, les gens arrivaient à rebondir…aujourd’hui, certains, passés 50 piges, se retrouvent expulsés…et c’est la descente aux enfers qui commencent.
Sur Paname, c’est flagrant…On a jamais vu autant de misère cotoyée ceux qui sont pétés e tunes et qui des 18 ans roulent en 4X4 avec vitres fumées.
J’étais dans le 8 eme samedi soir…ce contraste est saisissant!!
Ca m’a fichu un coup, mardi dernier, Envoyé spécial, je ne sais pas si tu as vu le reportage sur les fonctionnaires qui en bavent pour boucler leurs fins de mois. Je ne m’habitue pas à la pauvreté, et j’ai envie de dire, tant mieux.
Tu ne donnes pas qu’à ceux qui ont des chiens ???? Moi non plus…..
On peut être sensible à la détresse des hommes ET des animaux…..Cela n’a rien d’incompatible….Je trouve même qu’en général, ça marche ensemble…..
Alors, change rien……
Violette : Ouais t’as vu hein… trop cools
MissJulie :Beau résumé, rien à rajouter !!
Hey sinon, ras mais j’ai voté chez toi… D’où 40% des gens seront devant le match à 18 heures… Zavez pas de métier les gens ou quoi ???
Melle A : Oui j’ai vu… Ben je dis ça fait peur… et pas qu’à la télé !!
Martine : Nan mais force est d’avouer que je donne plus facilement à ceux qui jouent de la zik, ont un chien, vendent les journaux des sdf… qu’à ceux qui font que quémander !!
En fait je dois être très con !!!
Bonsoir Manou,
Je rentre à l’instant et dès l’internet en ligne, me voilà chez toi. Merci d’abord, car je me suis calmée à la lecture de ton billet. Court, incisif.
Mais surtout, qui “me”parle. Tes mots, je les ai longtemps et souvent tourné dans ma tête aussi.
Cette histoire que tu racontes. Que tu “vis”. Car nous savons bien que quand ça commence à descendre, ça descend très vite, très très vite de nos jours.
Calmée donc. Une journée un peu con, une journée de retour…
Et puis ce billet. Rudement bien raconté.
Que j’ai vu plutôt que lu.
Ca parait incroyable comme ça. Et c’est pourtant imparable quand ça s’y met.
Les gens qui tombent du tamis comme de la poussière, ni plus. Ni moins.
Et encore une fois, quand ça descend, ça descend vite…
Je t’embrasse
Cath : Ravie que tu sois venue chez nous à peine ta valise posée
Pour le billet du jour, disons que j’envisage de faire une série “si j’étais…” de temps en temps et que pour une raison inconnue de moi même, les sdf me sont spontanément venus à l’esprit !!
Et oui ça descend vite et ça peut toucher beaucoup d’entre nous.
Il suffit de voir le collègue de Louisianne et ses 3 mois passés dans sa voiture
il y a un SDF dans ma ville. il n’a pas de chien, il ne joue d’aucun instrument, mais il écrit au marqueur sur des cartons, des trucs à la con, du style “cécilia, reviens” (à l’époque du divorce très médiatisé de sarko…) ou il dessine un buste de marianne, et en-dessous il écrit “la nouvelle carte de pauvre”… Et alors que trop souvent je détourne le regard, parce que ça me rend malade, ça me met tellement en colère de les voir là, de voir leur misère, et de rien pouvoir faire… Lui je ne sais pas, son sens de l’humour m’a touchée, du coup quand je le croise, je lui dit bonjour, on s’envoie une vanne ou deux… je ne lui donne pas toujours d’argent, ça dépend si je peux, mais je me suis rendue compte que ce n’était pas forcément, pour lui, le plus important… Et il m’a dit un truc à méditer : “moi je fais la manche debout. Quand tu commences à te mettre par terre, aux yeux des autres t’es plus un homme” Les autres, c’est nous….
Manou: Comme tu dis…ils foutent rien ces blogueurs!!
Camichka : Il est vrai que l’on “s’attache” parfois à des personnalités de notre quartier !
Lorsque je vivais à Abidjan, j’avais 3/4 “potes” mendiants, postés à des carrefours stratégiques de la ville. Je les voyais tous les jours, leur donnais une pièce de temps en temps et faisais la conversation avec eux quotidiennement.
MissJulie : Ben ton enquête fait un peu peur quoi
Malheureusement personne n’est à l’abri de la précarité