T’a ar ta gueule à la récré

J’ai longtemps été garçon manqué, petit rat à 1/2 pointes en tutu rose deux fois par semaine, et cheveux ras et poings bagarreurs le reste du temps.

Ma mère pourrait en témoigner qui recevait litanies et reproches de mères fâchées venues se plaindre, qui d’un œil au beurre noir, qui d’un blouson déchiré sur le bitume de la cour de récré dans un rouler-bouler enfantin et furieux.

Petite teigne, j’étais, rapide à riposter physiquement, même au risque d’un mauvais coup.

Les années ont passé, et de fillette turbulente et coléreuse, je suis devenue mère raisonnable d’une adolescente pacifiste, calme et éprise de justice, et d’un gnome fort en gueule mais bien peu téméraire.

Les chiens font parfois des chats.

Le billet de Madame Kevin, en forme de témoignage face à son impuissance devant la violence dont est victime son fils, et les conseils et réactions sages de ses lectrices m’a beaucoup donné à réfléchir.

L’arrivée du Wanou dans sa nouvelle école, ici, dans ce pays où il ne connaissait personne, a donné lieu à quelques difficultés d’intégration.
Rien de comparable à ce qu’a connu Madame Kevin, mais provocations, insultes, croche-pied, ou mauvais coups lui ont quand même bien pourri ses premières semaines.

Bien sûr, nous en avons parlé à son enseignante, mais elle semblait plus pencher pour la non-ingérence dans les affaires enfantines, et puis voilà, les choses ne sont jamais toutes noires ou toutes blanches, et notre gamin n’était pas exempt, lui non plus, de reproches.

Le Wanou, c’est une grenouille à grande bouche, il aime bien la ramener, provoquer de ses mots acérés et de son humour parfois un peu trop mordant (ah, ben si, finalement les chiens ne font pas des chats), du coup, les trois quarts du temps, il fait ce qu’il sait le mieux faire : La grenouille à grande bouche.

Et forcément, il récolte ce qu’il sème, sauf que les gamins en face, eux, répondent par des coups de poings aux coups verbaux de mon petit têtard.

Pas simple.

Nous avons donc fait la morale à notre Wanou, lui conseillant de faire un peu profil bas, de prendre le temps de se faire des copains, et surtout d’éviter de répondre aux provocations, ou alors, au contraire, de surenchérir à celles-ci :
On te traite d’idiot mon chéri ? Réponds que tu n’es pas un idiot, mais le roi des imbéciles, ça va leur couper l’herbe sous le pied.

Sauf que non.

Ca l’a pas fait, et les gamins sont ainsi faits que la meute se rallie au plus fort, isolant le plus faible, le mal aimé, le laissé pour compte dans la cour de récré.
Tout seul, face à la bande, c’est dur tout de même, pour un môme, encore plus si c’est le mien.

Finalement, et à ma grande honte, comme il m’était impossible de réellement savoir qui, quoi, comment, j’ai repris mes habits de fillette mal embouchée, mon mauvais caractère, et oui, ce n’est pas bien, je le sais, pardon, pardon, mais j’ai attrapé le gosse qui emmerdait le mien, l’ai regardé de mon œil le plus noir, et lui ai promis de lui claquer le beignet s’il recommençait.

Quand discussions, avertissements et conseils ne donnent rien, alors…

Et depuis ?
Le Wanou a la paix, et de nouveau des copains.


Souchon Alain - J’ai dix ans
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Dom

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22 réponses à “T’a ar ta gueule à la récré”

  1. violette

    Putain, ça m’a fait de la peine pour lui, cette histoire. Les mômes sont d’une cruauté entre eux. Pire que les blogueuses, c’est dire.

    Sinon, pour le tutu, tu peux toujours le recycler avec un vieux zonblou de motard, c’est tendance. De rien.


  2. Cathy

    Pourquoi tu as honte d’être intervenue ? les gamins peuvent devenir très méchants quand ils sont ne bande, et un enfant devient très vite la tête de turc des autres, si c’est le cas il faut intervenir avant que çà dérape.
    J’ai eu le cas 2 fois pour mes filles, une fois pour l’ainée qui était en CM1 à l’époque, l’enseignante minimisait, çà commençait à partir en live, et moi j’ai fait comme toi, tout s’est arrangé, et j’ai vu ma fille reprendre vie car çà commençait à la travailler pas mal
    La 2ème fois pour ma 3ème, l’enseignante qui n’avait pas vu (des choses peuvent leur échapper) et qui est intervenue tout de suite, et ça s’est arrangé.
    On ne peut pas laisser les enfants se débrouiller tous seuls sans l’intervention d’un adulte quand on sent que çà dégénère, et si l’enseignant ne veut pas s’en occuper, c’est aux parents de le faire


  3. Carole

    Je me souviens de mon Saminou (8 ans à l’époque) qui est revenu en pleurant de l’école “Maman il dise que j’ai la couleur de la merde !!” à cause de sa couleur pain d’épice, je lui ai dit de répondre “J’ai peut être la couleur de la merde mais vous vous en avez l’odeur ! ” il n’a plus jamais été embêté ! :-)


  4. vannina

    Tu as bien fait d’intervenir ,les autres gamins sauront que ton fils est soutenu et reflechiront avant de l’embeter à la récré.


  5. JR

    Ouaip, et ton fils aussi se saura soutenu


  6. Gallïane

    Parfois, on n’a pas trop le choix que d’intervenir… on n’a pas envie de voir nos mômes malheureux.
    Wanou est content, il ne souffre pas de cette intervention, il est heureux ?
    Bon ben t’as bien fait d’intervenir.CQFD ! ;)


  7. valerie

    Pas bien.. il faut donner des limites aux gens, enfants ou adultes.
    Face à une meute de gamins Wanou n’avait aucune chance, tu ne pouvais qu’intervenir.


  8. Fran

    Je ne sais pas ce que j’aurai fait à ta place … L’année dernière, on venait d’arriver dans le quartier. On a quitté la banlieue Est pour venir dans le centre de Paris (un logement de fonction, ça ne se refuse pas). Seulement, Doudou a été victime de racisme; “sale jaune” qu’on l’appelait.
    Doudou il se sent aussi “blanc” que les autres et surtout, il a pris ça comme une insulte à sa mère.
    J’en ai parlé à la maitresse qui m’a demandé de ne pas m’en mêler. N’empêche qu’on a beaucoup discuté avec Doudou (de la bêtise, de l’ignorance etc …) qui à la fête de l’école avait vu que le papa de l’enfant en question était aussi “jaune” que moi.
    Le Doudou s’est empressé de lui répondre “Mais ton père aussi est un sale jaune” - Fin de la discussion en attendant la prochaine.

    J’espère que depuis cette histoire ton fils se sent mieux dans cette école, cette ville et dans sa peau.
    La Bise !


  9. Anne de Lille

    Si même la maîtresse n’est pas là pour donner de limites… alors il faut bien que ça soit quelqu’un qui s’en charge.
    Tu as agit comme une mère, franchement, pas de quoi culpabiliser, on l’aurait toutes fait !


  10. La Mère Joie

    Ah, je crois aussi que pour mes gamins, je pourrais endosser mon costume de serial killeuse…



  11. Violette : Ah, les gosses entre eux, c’est clair que c’est pire que des fashions queens à l’ouverture de la collection Rykiel chez H&M (hey !! t’as vu ?? je suis en progrès non ? )

    Cathy : Honte parce que j’ai sans doute terrorisé ce gamin, et ce n’est qu’un gamin, pas fière de moi, mais c’est viscéral et pas la première fois, je crois que le fait qu’on puisse toucher l’un de mes gosses m’ôte tout jugement moral, sens commun et le reste avec !!
    Là c’est pas que l’enseignante s’en fichait, mais plutôt qu’elle ne semblait pas comprendre l’importance de ce qui se passait, le wanou devenait violent à la maison, agressif, et il fallait arrêter ce bordel rapidement.

    Carole : Saminou est le plus beau garçon que je connaisse, nul doute qu’entre sa couleur épicée, ses yeux verts, et son QI d’Einstein, il doit bien les rendre jaloux aujourd’hui les connards qu’ils lui parlaient comme cela !! Tiens, embrasse le de ma part ton petit !

    Vannina : Ah ben là, c’est clair, aujourd’hui quand je viens le chercher à l’école et que les deux couillons qui l’embêtaient me croisent dans la cour, ils font un détour.

    JR : Ca, il n’en a jamais douté !!

    Galliane : Oui, depuis, cela va mieux, cela, le maître qu’on a pris aussi à la maison, le tout lui redonne confiance et cela s’arrange doucement (bon, soyons clairs, il n’est pas le roi du bal, mais a quelques potes avec qui jouer à la récré)

    Valérie : Donner des limites oui, mais là, je sais que j’ai moi même transgressé ces limites en mettant ma colère et mon agressivité au milieu de ce conflit, je n’ai pas été que ferme, j’ai été menaçante, vraiment, parce que je ne mentais pas.
    et cela, les gamins l’ont compris de suite.

    Fran : T’es encore là toi ????? Mais ??? :)) sale noir, sale jaune, et sale con ? il a essayé aussi ?
    rhaaa, que le racisme me rend dingue !
    par contre la fin de ton histoire, c’est limite flippant non ce gamin qui insulte les gosses qui ont la même couleur que son père ?

    Sashimi !! Faut sortir maintenant !!!!

    Anne de Lille : La maitresse, c’est une gentille, une arrangeante, une pacifique.
    Une toute molle aussi, je trouve mais bon.

    La mère joie : Clair et c’est pas une métaphore !


  12. shalima

    T’as bien fait, nanmého !
    Et une bise à la grenouille à grande bouche, pour la peine (allez, aussi une pour toi, tu l’as bien mérité)


  13. Phileas

    mar chance les miens sont bien intégrés, mais effectivement l’effet de meute est terrible et je surveille qu’ils ne tombent justement pas dans ce travers envers un étranger au groupe :-)


  14. MissBrownie

    Ton billet me parle beaucoup car j’angoisse déjà pour mon TiBiscuit qui entre en primaire l’année prochaine, surtout que sa copine lui raconte déjà des horreurs sur le collège alors que pour eux c’est bien loin!
    [j'avais d'ailleurs prévu d'en faire un billet]


  15. Calpurnia

    Je pense que tu as eu raison. J’ai du intervenir moi-même contre une peste qui tyrannisait Pulchérie à une époque, à tel point qu’elle ne voulait plus aller en classe.
    La maîtresse n’avait rien trouvé de mieux à faire que de les mettre l’une à coté de l’autre, et les jambes de ma fille étaient couvertes de bleus !
    Après ma menace de lui en coller une sans témoin, l’autre a fichu la paix à ma fille.
    Dans certains cas, il faut bien intervenir, tout le monde trouve normal qu’on le fasse en cas de racket par exemple !


  16. Camille

    (ok, je suis en très très grand lulage après le com de violette)

    et sinon, je sais pas trop quoi dire d’autre, parce que je crois que j’étais pas très sympa, quand j’étais petite, moi. (bon, en même temps, je m’en suis pris plein la gueule aussi, en arrivant en guadeloupe)


  17. AurelieT

    Han, ça me rappelle des (mauvais) souvenirs du collège + lycée, alors qu’à l’école primaire, j’étais la chouchoute de la classe :-D

    Je trouve en tout cas que tu as bien fait


  18. Lolotte

    Moi aussi ça me rapelle de mauvais souvenirs, au vu du résultat, tu as bien fait d’intervenir !!


  19. ILIKO

    les gosses sont terribles entre eux.
    moi, j’en ai fais les frais quand j’étais petite, et même au collège, après je me suis mise à taper aussi pour me défendre, mais ça me fait peur pour mon fils, je n’ai pas envie qu’il lui arrive la même chose qu’à moi, le souffre douleur de l’école…



  20. Shalima : Merci pour les bises, on prend !! (et on vous laisse la bise d’hiver hin hin hin)

    Phileas :Dans les deux cas, c’est à surveiller, effectivement, de mon côté pas de risque j’ai fabriqué deux zorro.

    Miss Brownie : Je n’avais jamais eu d’appréhension jusqu’à maintenant, et pourtant nous avons souvent déménagé, mais là, l’arrivée dans un nouveau pays, un peu contre son gré n’a pas du aider, c’est sûr.

    Calpurnia : Sans témoin.. pas mieux !! et bon, pas fière mais ce sont les émotions qui ont parlé, pas la raison.

    Camille : Ah, cela, du lolage avec Violette, c’est permanent, et bientôt je l’aurai en live, trala lala la lèèèèèèèère

    Aurélie T : j’ai connu aussi les montagnes russes de la popularité scolaire, mais j’étais bien trop hargneuse pour qu’on me cherche des poux dans la tête, merci les colos !!!

    Lolotte : Malheureusement, oui, je le crains.

    Iliko : D’un côté c’est difficile à résoudre, on prône la non violence, le respect d’autrui, de l’autre, ben… un bon coup de pied où je pense, parfois ça aide aussi à remettre les idées en place. :Hoo


  21. Madame Kévin

    Merci de relayer ce billet particulièrement important pour moi. Je suis sidérée par le nombre de témoignages très ressemblants qui ont suivi et qui posent de vraies questions. Comment répondre à la violence ? Où le problème doit-il être “géré” ? Exclusivement à l’intérieur de l’école parce qu’on veut mettre les enseignants face à leurs responsabilités ? Ou en dehors quand les enseignants sont dans la démission ? Au-delà de mon cas personnel - sur lequel je continue à rester vigilante et dont je m’occupe avec poigne - une multitude de questions émerge (rôle de l’école, degré de tolérance face à la violence physique : limite entre une bagarre et une agression, rôle des adultes, à quel moment faut-il devenir procédurier? etc.)
    Cela me fait de la peine pour ton fils : aucun enfant ne devrait avoir à subir cela à l’école, qu’il ait ou non “une grande bouche”. Même si je n’ai pas choisi cette attitude (situation différente et personnalité différente), je trouve que tu as eu raison : notre rôle de mère, c’est de protéger nos enfants, non ?


  22. Galstar

    Bien joué Dom. Ce sont les adultes qui enseignent les limites aux enfants et beaucoup d’enfants ont pris l’habitude de voir les adultes détourner le regard au lieu de les corriger quand ils font n’importe quoi.
    :-)
    J’ai connu un couple qui a anticipé les problèmes quand ils ont vu que leur garçon commençait à jouer de sa force pour faire pression sur ses petits camarades. Ils ont quitté la banlieue pour s’installer à la campagne uniquement pour ça. Il faut dire que le bambin avait une carrure d’adulte grand et baraqué alors qu’il n’avait pas encore 12 ans, et ses parents ont vu venir le coup qu’il risquait de brutaliser les enfants de son âge et qu’une bande pouvait facilement se constituer autour de lui (l’environnement s’y prêtait). Ce sont bien les parents qui ont étouffé la dérive dans l’œuf.


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:-) :grr: :Hoo :biz :8-) :cl: :Angel :lol :-( :mute :-D